Paléolithique

Ce mot, aux racines grecques signifiant « pierre ancienne », désigne la période la plus ancienne et la plus longue de l'histoire de l'Humanité. Elle s’étend sur plus de 3 millions d’années, depuis les premiers homininés jusqu'à l'invention de l'agriculture et de l'élevage, il y a seulement 10 000 ans.

C’est durant le Paléolithique que les populations humaines s’organisent progressivement en sociétés, inventent les premiers outils, l’art et maîtrisent le feu. Leur économie repose surtout sur la chasse et la cueillette.

Le Paléolithique : l’âge de la pierre ancienne

Le mot « Paléolithique » est inventé par John Lubbock en 1865, quand la préhistoire s’impose comme science. Il utilise palaios qui veut dire ancien et lithos : la pierre. C’est l’âge de la pierre ancienne, en opposition à la période suivante : l’âge de la pierre nouvelle ou « Néolithique ». Le Paléolithique, divisé parfois artificiellement en « inférieur », « moyen » et « supérieur » est une période qui se confond avec les étages géologiques du Pliocène final et du Pléistocène. C’est aussi un ensemble de cultures qui commencent, il y a plus de 3 millions d’années, avec l’apparition des premiers outils de pierre taillée et qui s’arrêtent avec le Néolithique, marqué par l’invention de la domestication des animaux et des plantes. Au Paléolithique, les hommes vivent ainsi uniquement de la chasse et de la cueillette, ils sont donc prédateurs, ce qui impose de la mobilité et un mode de vie nomade.

Durant cette longue période, le climat varie de façon cyclique. Les périodes glaciaires, froides et sèches durent environ 80 000 ans. Elles sont suivies de périodes interglaciaires bien plus brèves, durant lesquelles le climat est tempéré ou chaud, comme nous le connaissons aujourd’hui. Ainsi, selon les régions du monde et selon les périodes, les groupes humains du Paléolithique disposent de ressources végétales ou animales très variées. Certaines espèces, animales ou végétales, ont aujourd’hui disparu.

Différentes espèces humaines se côtoient durant le Paléolithique

Plusieurs espèces humaines se succèdent jusqu’à nous (Homo sapiens), issues d’un ancêtre commun africain, l'Australopithèque. Cependant ce n’est pas si simple ! Certes, Homo habilis, Homo erectus, Homo ergaster, Homo heidelbergensis semblent descendre les uns des autres, comme des « parents » et des « enfants ». Par contre, ensuite, l’Homme de Flores, l’Homme de Denisova, l’Homo Naledi, l’Homme de Neandertal, ou même l’Homo sapiens (nous), ont pu se côtoyer pendant plusieurs dizaines de milliers d’années, tels des cousins. Et cela se complique encore : les études génétiques récentes montrent par exemple qu’un faible pourcentage de gènes propres à l’Homme de Neandertal a été transmis chez certains Homo sapiens actuels.

Les plus anciennes traces de l’activité humaine (et même pré-humaine) se trouvent en Afrique. C’est surtout dans les réseaux karstiques d'Afrique australe et dans le Grand Rift ouest-africain que l’on peut accéder aux sédiments anciens qui conservent des vestiges. On y trouve, dès 3,3 millions d'années, des outils de pierre taillée et des restes d’ossements d’animaux charognés ou chassés. En Asie et en Europe, les vestiges les plus anciens sont datés d’1,5 million d’années seulement. Ils pourraient résulter de la diffusion hors d’Afrique d’Homo erectus. Le peuplement de l’Australie, vers 40 000 ans environ et encore plus récemment celui de l’Amérique semblent le fait du seul Homo sapiens.

Le Paléolithique : la naissance de la société humaine

Durant le Paléolithique, les hommes s’organisent en société et développent des communautés, aux caractéristiques culturelles, techniques, économiques, artistiques ou symboliques propres qui se transmettent de génération en génération, créant des traditions. Les types d’objets produits varient dans le temps et dans l’espace. On reconnaît des innovations et des importations qui témoignent de perfectionnement ou d’échanges d’idées et de personnes. Comme les mêmes outils peuvent apparaître dans plusieurs sites, ceux-ci ont été regroupés par les préhistoriens en ensembles culturels parmi lesquels, par exemple, l’Acheuléen, le Moustérien, l’Aurignacien, le Solutréen ou le Magdalénien. De cette période, les archéologues retrouvent surtout des vestiges en pierre. C’est parce que les outils en matière organique, comme le bois, se conservent mal. Des objets en os et en ivoire, plus résistants, peuvent aussi être mis au jour. Les outils taillés en pierre, parfois en silex, sont ainsi souvent les seuls vestiges des « cultures » du Paléolithique.

La maîtrise du feu, l’invention d’outils et de l’art, éléments centraux du Paléolithique

Des inventions fondamentales prennent place durant le Paléolithique. Très tôt, est taillé dans la pierre le tranchant pour couper, racler ou scier. Outils ou armes, ces objets taillés augmentent l'Homme au-delà de sa simple condition de primate. Le feu a sans doute été utilisé il y a plus d'un million d'années. Sa maîtrise est plus récente, autour de 300 000 ans. Il apporte à l'Humanité la chaleur, la cuisson des aliments qui deviennent plus digestes et faciles à conserver ou encore la capacité à vaincre l'obscurité. La création artistique, avec les objets gravés, colorés ou sculptés, les peintures et les gravures pariétales, apparaît d'abord timide et abstraite. Elle explose littéralement il y a environ 50 000 ans, en gagnant alors la capacité figurative qu'on lui connaît par exemple à Chauvet. Ce ne sont là que les exemples les plus marquants des changements perceptibles au cours du Paléolithique. La rareté des sites, inégalement répartis sur la planète et la fugacité des vestiges en font une période difficile à appréhender. 

Aujourd’hui, la recherche en préhistoire paléolithique s’efforce de bien dater les occupations humaines mises au jour pour retracer les chemins du peuplement de la Terre et les diffusions culturelles. Elle reconstitue les activités réalisées sur les sites, elle étudie les techniques utilisées et les environnements et territoires parcourus pour comprendre quels sont les processus d’évolution cognitive (capacité d’acquisition des connaissances), biologique et sociale de l’Homme ou encore comment les groupes humains se sont adaptés aux grands changements climatiques qui rythment cette très longue période.


Par Marc Jarry et Elisa Nicoud, avril 2020