Le sanctuaire de Mandeure et son théâtre

Un sanctuaire fréquenté du IVe av. J.-C. jusqu’au Ve apr. J.-C. exceptionnel par l’ampleur des offrandes et des constructions. Le théâtre, dernier vestige conservé de cet imposant complexe, se place parmi les plus grands du monde romain et le premier des Gaules par ses dimensions.

Vue aérienne du théâtre gallo-romain de Mandeure (25) © A.BourgeoisP

Le sanctuaire de Mandeure se développe sur une surface estimée entre 25 et 30 ha, ce qui est équivalent à la surface totale de certaines villes de l’Antiquité. Il constitue de ce fait un véritable quartier de l’agglomération antique, qui s’étendait sur une surface de 180 ha à l’intérieur de la boucle du Doubs.

Le sanctuaire de Mandeure

Le paysage monumental du sanctuaire est largement dominé par l’axe théâtre-grand temple, autour duquel se développent d’autres temples et édifices, aux dimensions plus réduites. Si les premières manifestations religieuses qui datent de l’Âge du fer, ne permettent pas d’identifier avec certitude les destinataires du culte (probablement un dieu guerrier, sans doute le Segomo gaulois), en revanche pour l’Antiquité, le dieu Mars et la famille impériale sont particulièrement honorés. Les vestiges d’une dizaine de statues colossales en marbre et en calcaire témoignent de la pluralité des cultes. Le grand temple concentre les traits d’une architecture héritée de Rome : un plan canonique, des élévations corinthienne et des décors en marbre de Carrare inspiré du palais flavien du Palatin.

L’édifice de spectacle est aujourd’hui le seul bâtiment encore visible du sanctuaire antique. L’ambition et l’investissement mis dans sa construction ont fait de lui un des théâtres les plus grands de Gaule et de l’Empire. Les recherches de terrain conjointes avec un travail de modélisation 3D permettent de restituer ses élévations et son fonctionnement, étroitement lié aux cérémonies religieuses qui y étaient accueillies.

Archéologie du sanctuaire de Mandeure

Le théâtre et le site en général ont fait l’objet de travaux de recherches menées par François Morel-Macler dès 1820 (un des premiers théâtres fouillés en France, de la même génération qu’Auguste Caristie qui a étudié les théâtres d’Orange et Arles). Entre la fin du XIXe siècle et les années qui suivent la seconde guerre mondiale, l’édifice ne fait l’objet d’aucune recherche.

Des travaux sont menés dans les années 1950 et 1960. Les recherches reprennent entre 1964 et 1984 sous la direction d’Yves Jeannin, conservateur du musée de Montbéliard. Elles suscitent l’intérêt du Bureau d’Architecture Antique de Dijon, qui mène des campagnes de relevés et d’étude dirigées par Albéric Olivier en 1983. En 1988, avec la création d’un poste d’archéologue territorial, le suivi des travaux et des restaurations est assuré.

En 2001, la création d’un programme commun de recherche (PCR) permet d’amorcer une nouvelle étape des recherches par une approche croisée qui rassemble fouilles archéologiques, études d’architecture et prospections géophysiques. Les espaces vides (ou les places) et les pleins, que constituent les divers édifices de cet ensemble, correspondent à une topographie sacrée dans laquelle il est possible de restituer les lieux des sacrifices, les processions, les lieux de rassemblement ou de spectacle. 

Le programme de recherche

Le programme de recherche sur le sanctuaire et le théâtre de Mandeure a débuté sous la forme d’un PCR en 2001 (Université de Besançon), il a évolué depuis 2010 vers une fouille programmée tout d’abord (UdS, ENSAS), puis d’une collaboration internationale sous la forme d’une fouille franco-américaine (UdS, ENSAS, CNRS-ENS, INSAS, Carthage College Wis.). Autour de Séverine Blin (chercheur UMR 8546 Aoroc, CNRS-ENS Paris), responsable du chantier, sont ainsi réunis les professeurs Jean-Yves Marc (Université de Strasbourg, UMR 7044) et Daniel Schowalter (Carthage College, USA) ainsi que Pierre Mougin, archéologue territorial (Sivamm).

Ce projet se caractérise par son approche interdisciplinaire. Plusieurs collaborateurs contribuent aux travaux de recherche dans le domaine de l’architecture, de la topographie et de la modélisation 3D, qui sont aussi le cœur du projet d’étude, en particulier Pierre Assali, Ingénieur photogrammètre (Altamétris) et Isaline Paccoud, architecte de la mission. Les études de mobilier sont menées par différents collègues issus de l’université ou de centres de recherches : Ines Bena, Clémentine Barbau, Laetitia Huguet, François Blondel, Caroline Leblond. Des programmes spécifiques sur l’épigraphie ou sur les statues colossales découvertes sur le site ont été également développés par les professeurs Cédric Brélaz (Université de Fribourg, Suisse), et Emmanuelle Rosso (Université Paris IV).

Informations pratiques

Visiter le sanctuaire et le théâtre antique de Mandeure : site de l'agglomération de Montbéliard