Grottes préhistoriques (Yonne, Bourgogne)

Arcy-sur-Cure et Saint-Moré

Arcy-sur-Cure (Yonne) est un gisement de référence pour le Paléolithique du Centre Est de la France, mais c’est aussi, historiquement, un laboratoire d’étude majeur pour les préhistoriens de la moitié nord de la France.

Vue de la vallée de la Cure avec les grottes sur la droite du cliché.

Le massif d'Arcy-sur-Cure/ Saint-Moré est l’une des zones les plus riches en occupations préhistoriques du Bassin parisien. Aujourd’hui, on dénombre une quinzaine de grottes et abris qui ont livré, depuis la fin du XIXe siècle, des vestiges d’occupations allant du Paléolithique moyen au Néolithique. La diversité des vestiges conservés (industries lithiques et osseuses, parures, céramiques, faunes, restes humains), autant que la présence d’un art pariétal (Grande grotte et grotte du Cheval) offrent un contexte de recherche exceptionnel, qui mérite largement d’être connu d’un très large public.

Transition d'occupation entre Néandertal et hommes modernes

Le massif d’Arcy/Saint-Moré est l’un des très rares gisements français où la transition entre l’homme de Neandertal et les hommes modernes a pu être mise en évidence... Des niveaux châtelperroniens ont ainsi été fouillés dans la grotte du Renne et ont livré de très exceptionnels vestiges humains néandertaliens dans des niveaux où des parures et une industrie osseuse ne sont pas sans rappeler des préoccupations de Sapiens sapiens.

Les enjeux de la recherche

Plus largement, les grottes d’Arcy-sur-Cure/Saint-Moré tiennent une place particulière dans l’historiographie des recherches, à la fois sur le Paléolithique supérieur ancien et sur le Bassin parisien. Si les recherches institutionnelles et universitaires en France se sont pendant longtemps concentrées sur les problématiques relatives aux sociétés du Tardiglaciaire, l’apparent hiatus en termes d’occupations humaines « anté-magdaléniennes » dans le Bassin parisien aura aussi contribué à une certaine marginalisation de la recherche dans cette région (Bodu et Mevel, 2013). Dans un contexte où le Bassin parisien faisait presque figure de « No man’s land » en comparaison avec les nombreuses occupations paléolithiques du Sud-Ouest et du Centre de la France, la richesse et la diversité des occupations paléolithiques des grottes d’Arcy-sur-Cure/Saint-Moré en faisaient assurément un terrain d’étude des plus prometteurs. Mais pendant longtemps, faute d’éléments de comparaison régionale suffisamment nombreux ou totalement pertinents, les grottes de ce massif furent essentiellement appréhendées dans une dimension extra-régionale.

Les années 70 : un changement de paradigme

Ce n’est qu’à partir du début des années 1970, que s’opère un véritable changement de paradigme dans l’étude de l’occupation du territoire dans le Bassin parisien. Cette situation tient à la fois à la publication d’une thèse majeure dans le renouvellement des connaissances, celle de B. Schmider en 1971, à la multiplication des opérations de terrain, préventives et programmées, à partir des années 1990, et enfin au développement croissant des études réalisées en contexte universitaire, mais aussi au sein de l’INRAP, du CNRS, et des différents services régionaux de l’Archéologie.

L'équipe de recherche

C’est véritablement avec l’arrivée en 1946 d’André Leroi-Gourhan et de son équipe que se structure un véritable programme de recherche sur le massif des grottes d’Arcy-sur-Cure/Saint-Moré. Arcy-sur-Cure devient dès lors un terrain pionnier dans l’application de méthodes de fouilles et d’analyses modernes, et dans l’application d’une ethnologie des populations préhistoriques. Cette démarche formalisée par André Leroi-Gourhan est aussi la clef de voûte du laboratoire qu’il fonda en 1967. Partant du fait technique, cette démarche tend à comprendre et à reconstituer les faits socioculturels pour redessiner une géographie et une paléohistoire plus fine des sociétés préhistoriques. L’actuelle équipe Ethnologie préhistorique de l’UMR 7041 (ArScan) en héritière de ce laboratoire, continue tout à la fois d’œuvrer selon cette méthode d’approche structurante, et sur les massifs d’Arcy/Saint-Moré.

Deux programmes de recherche

Un programme collectif de récolement, protection et recherche sur la documentation ancienne (archives de fouilles, collections inédites) est actuellement développé par certains des membres de cette équipe dans le cadre d’un labex (Projet 2ARC), coordonné par N. Goutas, P. Bodu et L. Mevel.

L'équipe a aussi répondu à un appel à projets de la MSH Mondes avec le projet G3ARC – GéoARChéologie et ARChéologie des grottes préhistoriques du massif d’Arcy-sur-Cure/Saint-Moré (Bourgogne Franche-Comté, France) : des objets archéologiques aux trajectoires humaines collectives. Coordonné par N. Goutas, UMR 8068 TEMPS et M. Onfray, UMR 8215 Trajectoire. Il réunit les compétences de différents chercheurs émanant de différentes unités et structures a pour objectif la préservation, la mise en valeur de l’histoire, du patrimoine et de la mémoire des documents concernant les fouilles réalisées depuis le XIXe siècle dans différentes cavités du massif d’Arcy-sur-Cure/Saint-Moré. Il est adossé à des opérations de terrain et à une révision de collections anciennes et des données archivistiques associées. Il a pour point de départ une grotte en particulier du massif : la grotte du Trilobite. Très peu documentée à ce jour, cette grotte livre pourtant l’une des séquences stratigraphiques les plus complètes du Centre Est de la France, couvrant le Moustérien (Paléolithique moyen) et l’ensemble du Paléolithique supérieur. Le projet G3ARC s’est achevé par la remise d’un rapport de près de 300 pages qui va maintenant servir de matrice pour certaines parties du site GSA-Arcy mais aussi, et surtout, à la publication scientifique des résultats obtenus. Nous envisageons un numéro spécial du Bulletin de la Société préhistorique française ou de Gallia Préhistoire en 2025. En outre, deux articles sont en cours de finition sur deux objets emblématiques de la grotte du Trilobite : le Bupreste (Peschaux et al.) et le Trilobite (Goutas et al.) en lien, plus particulièrement, avec la Partie 3 : « Arts et curiosités des grottes d’Arcy ».

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