Libye - Il y a 2 300 ans

Érythron-Latrun

En 2001, la Mission archéologique française de Libye en Cyrénaïque s’est intéressée au site antique d’Érythron (actuel village de Latrun), situé sur la côte libyenne à 35 km à l’est d’Apollonia. Les différents travaux menés sur ce site permettent, pour la première fois en Libye, d’analyser l’occupation d’un village entre le IVe av. et le VIIIe apr. J.-C., de l’époque hellénistique jusqu’aux époques romaine et byzantine.

Érythron-Latrun. Vue aérienne

Fondée à l'époque hellénistique (IV-IIIe s. av. J.-C.), Érythron se développa rapidement en un village ou gros bourg à l’époque romaine, avant de devenir le siège d’un évêché dès la seconde moitié du IVe siècle, époque où il connut sa plus grande extension, ce qui se ressentit dans son urbanisme.

La restauration des deux églises

La richesse d'Érythron venait de ses productions agricoles (huiles et céréales en eau), favorisées par des terres fertiles et la présence d'une source pérenne. On comprend donc plus aisément l’omniprésence du marbre importé à grand frais de Proconnèse (Grèce) dans le décor de deux églises de la ville, traduisant assez bien cette prospérité à l’époque byzantine. Les deux églises remplissaient des fonctions précises et complémentaires : la première était un centre du pèlerinage où l’on se retrouvait pour vénérer les reliques d’un saint ou d’un martyr ; plusieurs défunts privilégiées furent enterrés à l'intérieur de l'édifice ad sanctos. la seconde, plus grande et située au centre de l’agglomération, était la cathédrale, pourvue d’un baptistère.

Les deux édifices, après une première fouille par l’américain Walter Widrig en 1960-1961, ont été restaurés dans le courant des années 2000, l’une (la basilique occidentale) sous la direction de Vincent Michel, l’autre (la basilique orientale), de Daniel Ibled avec l'aide financière de la Commission des fouilles, du Sénat et de Total-Libye. L'état de conservation des matériaux a permis de redonner une nouvelle verticalité aux monuments grâce à la réalisation de travaux d'anastylose (restauration partielle des colonnades, des plaques d'entrecolonnement, du choeur...).

Les thermes romains

En 2006, une fouille a été entamée au cœur de l’agglomération et un établissement thermal original a été découvert. L’ampleur des thermes et la qualité de sa construction démontrent qu’il s’agit d’une opération édilitaire de grande ampleur pour un village. De forme octogonale, ils s’articulent autour d’une piscine circulaire entourée d’un portique. Tout autour sont disposées des salles aux fonctions diverses (latrines, salle tiède, salle de réception, etc.).

Autre originalité de ces thermes romains : construits à la fin du IIe – début IIIe siècle apr. J.-C., ils cessèrent d’être utilisés comme tels à la fin du IIIe siècle et furent progressivement transformés, probablement réaménagés en villa avec une salle de réception pourvue d'un rare stibadium. Le site fut occupé jusqu’au VIIIe siècle.

L’équipe de recherche

La Mission archéologique française de Libye a été fondée en 1976 par François Chamoux, et reprise en 1981 par André Laronde. En 2011, suite à son décès, c’est Vincent Michel qui en prend la tête. Initialement tournée vers la période gréco-romaine (comme à Leptis Magna ou Apollonia-Susa), elle a constamment élargi son champ de recherches vers l’Antiquité Tardive ou encore la Préhistoire (Abou Tamsa). Dans un contexte sécuritaire complexe, elle se concentre aujourd’hui sur le renforcement de la coopération franco-libyenne (formations en archéologie, en archéométrie et en restauration) et sur les travaux de post-fouille.

Soutenue par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles, la mission œuvre pour la lutte contre le vol et le trafic illicite des biens culturels, qui est l'une des priorités du ministère de la Culture.

 

En savoir plus :

- La page du Centre de recherche sur la Libye antique

- La Mission sur le site du ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères