Tout au long de ces décennies, peuplées d’escarmouches navales beaucoup plus que de ces combats acharnés et sanglants dont se nourrit seul, pourtant, le mythe corsaire, les négociants malouins vont consacrer à cette activité des moyens financiers et humains à ce point importants que seuls leurs homologues de Flessingue (Vlissingen, Pays-Bas) et de Dunkerque leur sont en Europe sur ce point comparables.

Dans le même temps, la grande course océanique, qui mobilise des frégates de 200 à 300 tonneaux, va hisser au premier rang des armateurs et capitaines d’exception. Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, ils ont pour nom, Noël Danycan, François Le Fer de Beauvais, Alain Porée ou René Du Guay-Trouin, cependant que le patronyme de Robert Surcouf résonnera un siècle plus tard dans tous les entreponts. La renommé et la fortune attachées à ces grands noms ne doivent pas dissimuler pour autant la petite course côtière, très présente notamment à Saint-Malo, où des navires de faible tonnage, de 20 à 120 tonneaux, sont régulièrement confrontés aux corsaires anglo-normands de Jersey et Guernesey.