La conservation ou la transformation des produits de l'agriculture en vue de leur consommation, immédiate ou différée, nécessitaient des installations ou des machineries d'importance très variable : beaucoup n'ont pu laisser de trace pour l'archéologue (la conservation de multiples denrées dans des sacs par exemple). Trois productions essentielles de l'agriculture méditerranéenne sont attestées à Entremont par des vestiges nombreux et explicites : les céréales, le raisin et les olives.

Sol de pièce : silo entouré de fonds de dolia.

Les céréales

La conservation des grains pouvait se faire dans des sacs, des bâtis de bois ou de terre crue, des jarres ou des silos creusés dans le sol. À Entremont ne sont attestés que des jarres (ou dolia, mais celles-ci servaient aussi à l'huile et au vin) et un grand silo.

La fabrication de la farine, attestée dès le Néolithique par l'existence de meules rudimentaires, a été perfectionnée au début de l'âge du fer par la mise au point dans le monde grec de la meule à fente : la meule allante, qui effectue un mouvement de va-et-vient sur la meule dormante, est creusée en forme de cuvette servant de réservoir et percée d'une fente conduisant le grain à moudre entre les deux pierres. Un autre perfectionnement provient ensuite du monde ibère avec l'invention du moulin rotatif, équipé d'un axe métallique et d'une manivelle scellée au plomb. Les deux types existent à Entremont, en basalte, le plus rare étant celui à fente : l'agglomération semble en effet se développer au moment où se produit l'abandon de l'ancien type à fente au profit du moulin rotatif, phénomène attesté un peu plus tôt en Languedoc dès le IVe siècle avant notre ère.

Maie de pressage.

L'huile et le vin

La fabrication de l'huile et du vin pouvait être réalisée avec des procédés (foulage dans une cuve en bois pour le vin, torsion dans de solides toiles pour l'huile) qui ne laissent pas de traces archéologiques. Mais le souci d'un meilleur rendement a conduit très tôt, en Grèce et en Italie, à la conception de machines employant des blocs de pierre caractéristiques, que l'archéologue peut retrouver. Plusieurs dizaines de ces blocs ont été dégagés à Entremont, cassés et remployés dans des murs ou des empierrements, et quelques uns encore en place.

La conservation du vin et de l'huile était faite principalement dans des jarres, l'emploi de l'outre était réservé à de petites quantités. Les jarres destinées au vin étaient intérieurement enduites de poix pour en renforcer l'étanchéité.