La ville de Bosra comprend deux réservoirs (birket) : le réservoir Est («birket an-Nabatiyah»), le réservoir Sud-Est («birket al-Hâjj»).

Le réservoir Est («birket an-Nabatiyah»)

Ce vaste réservoir («réservoir des Nabatéens») à ciel ouvert est situé à l’est de la ville antique, à l’extérieur du rempart. Comme le réservoir Sud-Est «birket al-Hâjj», il est construit en appareil à bossage à ressauts réguliers à l’intérieur de la «birket», mais aussi à l’extérieur, pour renforcer la résistance des murs. Une canalisation venant de l’est rejoignait le réservoir à son angle sud-est. On relève de nombreuses marques lapidaires de tailleurs de pierre (lettres nabatéennes et marques schématiques) sur les assises basses intérieures et extérieures, qui permettent de supposer que la construction originale est d’époque nabatéenne.

Le réservoir Sud-Est («birket al-Hâjj»)

Ce grand réservoir d’eau à ciel ouvert «réservoir du pèlerin», situé à l’est du théâtre, est limité par un mur d’enclos continu. Il est construit en appareil à bossage avec des ressauts réguliers à l’intérieur pour améliorer sa résistance à la pression de l’eau. La partie supérieure de ce mur est accessible par des escaliers. Selon H. C. Butler, pour lequel sa construction serait d’époque romaine, ce réservoir alimentait les thermes du Sud par l’intermédiaire d’une canalisation. Jusque vers 1990, un autel monolithe d’époque romaine était dressé au milieu de la «birket». Cependant, on remarque la ressemblance de son appareil avec celui de la birket est, dont les blocs portent des lettres nabatéennes ; or on identifie également des marques de tâcherons nabatéennes sur cette birket. Elle est d’autre part aussi alimentée par une canalisation ("canal 31") dérivant du wadi az-Zeidî, et à proximité du quartier de l’Est nabatéen, construit dans la deuxième moitié du Ier siècle apr. J.-C., ce qui rend probable l’hypothèse que le réservoir Sud-Est date déjà de la période nabatéenne.

Pour le pèlerinage aux villes sacrées du Hijâz, ce réservoir monumental fut restauré sur l’ordre du gouverneur ayyoubide de Damas, al-Mu‘azzam ‘Îsâ (615/1217-626/1229) selon des sources arabes contemporaines. Ce travail, qui fut sûrement exécuté par son frère as-Sâlih Ismâ‘îl, le prince ayyoubide de Bosra, ne s’est logiquement pas limité à la restauration des murs du réservoir, mais a aussi concerné la canalisation provenant du wadi az-Zeidî.