L’habitat du XIXe siècle

L’accroissement progressif de la population de Bosra au cours du XIXe siècle s’explique par la richesse de son terroir, mais également par la présence sur place de toutes les caractéristiques nécessaires à l’établissement d’une communauté. La source d’eau pérenne et plusieurs grands réservoirs à ciel ouvert procurent suffisamment d’eau pour abreuver les troupeaux toute l’année durant. La citadelle est un refuge imprenable, construit sur un plateau fertile dont les terres peuvent être facilement irriguées depuis des wadis qui passent au nord et au sud. Un vaste champ de ruines s’étend au pied de la citadelle. Les mieux conservées seront rapidement transformées en abri ou en étable, alors que les autres permettront de construire, dans un souci d’économie, des maisons qui s’appuieront sur des fondations, sur les premières assises de murs existants ou en intégrant des élévations encore debout. Les éboulis constituent, quant à eux, des carrières à ciel ouvert facilement exploitables.

D’après les photographies aériennes prises en 1916 ou en 1918, la superficie occupée par le village avait déjà presque doublé par rapport aux plans dressés par les premiers voyageurs du XIXe siècle. L’habitat s’était étendu vers le nord, l’est et le sud, mais pratiquement pas vers l’ouest. Le cliché de 1925, pris par l’armée française du Levant, montre une restructuration du village autour de l’axe est-ouest, et une extension occidentale de l’habitat. Autour du site habité, une première couronne de jardins clos par des murets est entourée par une seconde couronne de champs également délimités par des murets. Un peu avant la première guerre mondiale, l’arrivée d’une ligne de chemin de fer depuis Deraa participe au désenclavement du village en le raccordant à la voie ferrée du Hejaz. Après la seconde guerre mondiale, l’extension de l’habitat intra-muros s’est accentuée vers l’ouest. À partir des années 1960, l’habitat a commencé à sortir des limites anciennes de la ville. Ce village de pierres était à l’image du paysage hauranais, vaste plateau basaltique au climat rude où l’arbre est presque inexistant.