Au moment de la conquête

La conquête arabe n’est pas attestée comme une rupture. Elle n’est pas inscrite archéologiquement dans l’histoire urbaine de Bosra. Elle n’a manifestement pas entraîné de destruction, ni de bouleversement majeur dans la structure de la ville. Au contraire, des éléments significatifs de la ville antique ont été conservés de façon continue pendant plusieurs siècles.

À ces éléments appartient le réseau des rues : les deux rues principales, de la porte Ouest à l’arc nabatéen et l’axe nord-sud perpendiculaire qui part du nymphée, ont conservé leur fonction d’axes urbains. Alors que le tronçon situé à l’est de l’arc nabatéen a été partiellement occupé dès l’époque omeyyade par de petites constructions, la rue principale est-ouest est restée, à l’ouest de l’arc nabatéen, libre d’empiétements et constituait sans doute toujours la voie de circulation la plus importante.

Vers une reprogrammation urbaine?

L’emplacement de la première mosquée n’est pas fixé de façon certaine, mais il est vraisemblable que la nouvelle construction du début du XIIe siècle a été créée là-même où se trouvait déjà la mosquée principale de l’époque omeyyade. Sa situation sur l’axe nord-sud montre l’importance de cette rue, où se trouvait encore au XXe siècle une partie des souqs de Bosra. Les boutiques étaient construites en partie avec des remplois de matériaux antiques et leur utilisation au Moyen-Âge islamique est bien attestée archéologiquement. Le pavement des rues a été rénové entre le 6e/XIIe et le 8e/XIVe siècle. Enfin, sur la même rue a été construit en 773/1372, en face de la Grande mosquée, l’établissement de bains remarquablement équipé du hammam Manjak. La combinaison du centre religieux et commercial avec le hammam montre qu’à cet emplacement se trouvait un secteur central de la ville médiévale.

La citadelle, créée en donnant une nouvelle fonction au théâtre romain, constituait le deuxième centre de gravité des fonctions officielles. Situé sur une ligne reliant la citadelle et la mosquée, le centre urbain de Bosra s’était à peine déplacé par rapport à l’époque romaine impériale.

Les différentes fonctions dont Bosra a tiré son importance comme centre urbain de la Syrie du Sud au cours du Moyen-Âge islamique se sont cristallisées de cette façon dans l’image urbaine. Les structures fixées dans l’Antiquité pour la limitation de l’espace urbain, les réseaux de rues et d’alimentation en eau ont été sensiblement modifiés, mais ont en revanche assuré une continuité impressionnante dans l’évolution de la ville. L’architecture de Bosra est définie à l’époque islamique par un jeu alterné entre la tradition indigène et les influences de la capitale, Damas. L’architecture traditionnelle du Hauran a peu évolué pendant des siècles. Le basalte abondant, disponible sur place, comme sa facilité de réutilisation, en même temps que la rareté du bois de construction, lui imprime ses caractéristiques principales.