Jusqu’à présent, aucune trace de construction n’a été retrouvée à Bosra datant de la période de l’expédition punitive des Maccabées en 164/163 av. J.-C. Nous ignorons l’ampleur de la ville et ses limites, mais elle devait englober la source pérenne et au moins une partie de l’agglomération de l’âge du Bronze dont le rempart a continué à servir et a été réparé par la suite. Les seuls témoins de cette période sont quelques rares tessons.

En revanche, l’image de la ville à l’époque nabatéenne n’a cessé de se préciser et de s’amplifier au cours des dernières années. Cette phase représente une étape décisive dans son développement urbain.

Les éléments architecturaux

L’occupation nabatéenne est attestée par les éléments d’architecture nabatéenne caractéristiques reconnus, comme par exemple les chapiteaux dits « à cornes », bien connus à Pétra et à Hegra-Madâ’in Sâlih, des chapiteaux corinthiens laissés volontairement à l’état d’ébauche. En dehors des blocs monumentaux, qui attestent du caractère officiel des constructions dans le quartier de l’est de Bosra, de nombreux blocs d’architecture nabatéenne isolés ou en remploi ont été trouvés sur une grande moitié est du site. De tailles et de factures diverses, ils révèlent l’occupation architecturale du site à la période nabatéenne et l’existence probable de sanctuaires secondaires et de demeures d’une certaine envergure.

La présence nabatéenne sur la quasi-totalité de l’espace occupé par la ville au moment de sa plus grande extension, nous est également confirmée par la découverte de nombreux tessons de céramique nabatéenne peinte, tout aussi caractéristique. Les dégagements effectués à l’est de la palestre Est des thermes du Sud ont révélé, comme les sondages sous les thermes, un ancien quartier d’habitation nabatéen pouvant remonter à la fin du Ier s. avant J.-C. Des réparations effectuées sur le tronçon sud du rempart de l’âge du Bronze vers le tournant de l’ère semblent attester l’existence d’un vaste centre urbain fortifié et organisé.

Développement urbain

En effet, tout en créant, à l’est de la ville, un nouveau quartier autour d’un grand ensemble monumental, les responsables de ce développement urbain ont confirmé l’axe est-ouest, sans doute ancien, correspondant à une voie de pénétration qui va de la côte méditerranéenne à la steppe. Vers l’est, elle conduit au wadi Sirhân, qui est une des voies d’accès majeures à la péninsule Arabique. Cette rue aboutit à la façade ouest de l’arc nabatéen qui conclut cette perspective et constitue la charnière avec le nouveau quartier de l’Est, orienté sur un axe différent, celui de la façade est du dispositif à pilastres nabatéens rattaché à l’arc. L’axe de ce quartier de l’Est, précisément orienté comme la grande cour à portiques et pilastres stuqués découverte sous la grande église est à plan centré, reste visible dans le cadastre actuel.

Cet ensemble, daté de la deuxième moitié du Ier siècle apr. J.-C., appartient à un ensemble monumental de grande ampleur, palais ou plutôt sanctuaire que l’on serait tenté d’attribuer à Dusarès. Ce dieu occupe, avec Allât, une place de premier plan parmi les divinités vénérées dans le domaine nabatéen, et semble plus particulièrement lié à la dynastie. Un ensemble de portiques doriques reliait ces constructions à l’ensemble pivot de la porte nabatéenne et peut-être à une construction occupant le secteur du palais dit « de Trajan ».