À cette période, Bostra n’était plus que la capitale d’une province diminuée, mais cela ne se traduit par aucun déclin de la ville entre le IVe et le début du VIIe siècle.

Installation et développement

Les inscriptions témoignent d’un mouvement continu de constructions, avec l’apparition de dédicaces d’églises au Ve siècle (ce qui n’exclut pas qu’il en existât avant). Le christianisme est sans doute bien implanté à Bostra au temps de la paix de l’Église (313 apr. J.-C.), bien que les Chrétiens soient très minoritaires. La construction d’églises n’a certes pas attendu cette époque tardive pour se produire. Les plus anciens monuments apparaissent vers la fin du IVe siècle dans l’épigraphie (église de al-Kafr en 391), mais nous n’en avons pas d’attestation archéologique avant le milieu du Ve siècle. Cependant, le développement atteint alors par les bâtiments les plus élaborés comme la grande église de l’Est à Bostra témoigne d’une longue tradition architecturale en la matière.

La transformation du paysage urbain de Bostra se poursuit sans discontinuité à travers tout le Ve et le VIe siècle. Après la construction de la grande église de l’Est, d’un portique triple en 488, d’un nouveau prétoire en 490 et de la « cathédrale » dédiée aux saints Serge, Bacchus et Léonce en 512-513, la ville semble déborder d’activité sous le règne de Justinien (527-565). Un (ou deux) oratoire(s) de Job, un hospice pour les indigents et un aqueduc semblent peu de choses à côté de la vaste entreprise de restauration des remparts au milieu du VIe siècle.

Fin de l'occupation byzantine

La période qui précéda la conquête islamique fut agitée d’événements violents qui affectèrent Bostra et toute la région. La rupture qui survint entre Byzance et les princes Ghassanides en 580-581, puis en 582, avec l’arrestation et l’exil de leurs chefs, provoqua la colère des tribus arabes qui se répandirent et pillèrent l’Arabie et la Syrie. Bostra fut assiégée en 581, le commandant de la place et un grand nombre de ses hommes furent tués. Les citoyens de Bostra se rendirent pour éviter le pillage de la ville.

L’invasion perse de 613-614 fut l’épisode le plus dramatique que connut l’Arabie romaine entre le siège de Bostra en 581 et la prise de la ville par les troupes musulmanes en 635. L’occupation perse dura de 614 à 628-629 et provoqua une rupture temporaire entre Byzance et les tribus arabes. Aucune information ne nous est parvenue sur le sort de la ville durant cette période de quinze ans.

À peine la Syrie avait-elle retrouvé un semblant de tranquillité après sa reconquête par les Byzantins que se produisirent les premiers raids des troupes arabes musulmanes qui aboutirent aux campagnes victorieuses de 634-636. Cette conquête, qui eut lieu dans un pays en partie livré à lui-même, mit fin à près d’un millénaire de présence grecque et romaine.