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L’unicité d’un site ?
Concentrée sur la partie orientale du site de la Natière, la campagne de fouille 1999 a révélé des vestiges identifiés comme ceux de la cuisine et de la partie avant d’un navire fortement armé. Il a paru du même coup raisonnable d’identifier les structures expertisées, en 1996, à l’ouest du site, comme la section arrière de ce même navire ; d’autant que l’orientation et la facture des vestiges étudiés révélaient une étonnante similitude. Pour tenir compte du hiatus chronologique qui s’était fait jour entre les ensembles mobiliers découverts aux deux extrémités du site, on a donc envisagé à l’époque de dater le naufrage à l’interface des deux chronologies mobilières révélées par l’étude, soit la seconde ou la troisième décennie du XVIIIe siècle. L’enquête archéologique créditait dans le même temps le navire d’un tonnage de plus de 300 tonneaux et d’une très forte artillerie.
Une volée de bois vert !
Programmée l’année suivante pour vérifier l’unicité du gisement, l’étude dendrochronologique des bois de charpente navale découverts à l’ouest et à l’est du site par les fouilleurs a cependant prouvé l’existence, non pas d’un seul mais de deux naufrages advenus à un demi siècle d’intervalle au pied des roches de la Natière.
La force d’un double témoignage
Identifiées comme les frégates La Dauphine et l’Aimable Grenot, ces deux épaves apportent de fait le plus précieux des témoignages car elles renvoient à l’époque fastueuse ou les armateurs de Saint-Malo, de Granville et du Havre, hissaient le commerce maritime français à son apogée. Leurs vestiges offrent à ce jour la matérialité archéologique la mieux conservée des équipages marchands et corsaires qui sillonnaient les eaux malouines dans la première moitié du XVIIIe siècle.